dimanche 6 avril 2008

Méthodes Globales

I.             2. Les méthodes globales fondatrices de la rééducation en neurologie.

Dès la fin des années trente, certains précurseurs, s’appuyant sur le développement psychomoteur de l’enfant, ont commencé à sortir de la mécanothérapie pour une approche plus fonctionnelle de la kinésithérapie dans les lésions neurologiques.

I.             2.1 Kenny et Kabat.

En 1937, une infirmière non accréditée, Elizabeth Kenny (1886-1952) publie en Australie, un ouvrage de rééducation des enfants IMC.[7] En 1940, elle vient travailler aux USA à Minneapolis au moment des grandes épidémies de polio. Elle préconise des bains chauds, des massages, de la mobilisation passive. Elle bannit les corsets et encourage les mouvements actifs. Elle devient célèbre à travers un film : « Sister Kenny ». 
Dans les années 40, Herman Kabat médecin physique américain, reprend les travaux d’Elizabeth Kenny et les « Physical Therapists » du centre de Vallejo en Californie, Margareth Knott et Dorothy Voss créent la Proprioceptive Neuromuscular Facilitation (PNF).[8] Beaucoup de kinésithérapeutes français réduisent la méthode Kabat aux diagonales. Il est vrai que la traduction française[9] consacre la quasi-totalité de l’ouvrage aux diagonales alors que les soixante pages consacrées aux étapes du redressement dans l’ouvrage original de Knott et Voss sont résumées en huit pages.

I.             2.2 Brunnstrom et Bobath.

Signe Brunnstrom est une physiothérapeute diplômée en Suède en 1919. Emigrée aux Etats Unis en 1928, elle enseigna à New York et Athènes[10]. Elle est traduite en français par Sultana[11]. Comme la voie pyramidale est classiquement nommée voie de la «motricité volontaire», elle essaie de solliciter les voies réflexes en déclenchant des syncinésies ou des réflexes toniques symétriques et asymétriques du cou (position de l’escrimeur) pour essayer de les faire évoluer vers des mouvements plus organisés.
Bertha Bobath née Busse est professeur de gymnastique en Allemagne dans l'entre-deux guerres. Expatriée en Angleterre à cause de l’antisémitisme, elle y retrouve Karel Bobath immigré comme elle. Ils se marient en 41 au moment où elle entreprend des études de physiothérapeute. Elle se lance alors dans la rééducation des hémiplégiques[12] et des enfants avec paralysie cérébrale. Il y a trois parties dans sa méthode : l’inhibition de la spasticité, l’examen de qualité du mouvement et le recueil des réactions d’équilibre et de protection à la chute. La musculation était fustigée par ses adeptes car elle était censée augmenter la spasticité :
« Il faut donc proscrire de manière ferme et définitive tous les exercices de musculation (…) laisser les haltères et la bicyclette ergonomique. C’est le triste recours du kinésithérapeute débordé (…) L’attitude ambigüe de certains kinésithérapeutes, non rompus aux méthodes neuromusculaires doit être stigmatisée » [13]
L’aspect «thérapeutique» de la méthode à travers la guidance manuelle et les postures d'inhibition, est devenu très populaire: on voulait restaurer le mouvement de qualité caché sous la spasticité. On pensait qu’en inhibant la spasticité des antagonistes on verrait apparaitre la motricité des agonistes. La spasticité était ennemie publique N° 1 et on culpabilisait le patient sur le "bien bouger". On assimilait la « déficience » à un défaut contre lequel il fallait lutter ! (Mais il faudra attendre la fin des années 70 pour que la déficience soit clairement identifiée).[14] Ce discours a repris de la vigueur de nos jours avec l’utilisation du botox. On peut dire que se développe maintenant un « néo-Bobathisme botoxien » qui, prétendant améliorer la fonction lutte en fait contre le symptôme. Malheureusement, on a actuellement tendance à réduire Bobath à l’«inhibition de la spasticité», oubliant le fantastique recueil de mouvements fonctionnels et de « tâches orientées » posturales que la méthode enseignait. La méthode Bobath s’appuyant sur le développement psychomoteur de l’enfant, certains kinésithérapeutes dogmatiques interdisaient même de marcher avant d'avoir passé les étapes précédentes pour ne pas prendre de « mauvaises habitudes ». La fin du 20ème siècle a vu le microcosme « neurokiné » s’opposer dans des guerres picrocholines entre ceux qui utilisaient la motricité résiduelle (Brunstromm) et ceux qui inhibaient la spasticité (Bobath). Ces débats laissaient croire que la kinésithérapie facilite la « récupération » alors que c'est la lésion qui détermine l’étendue des déficiences. (On analysera plus bas toute l’ambiguïté du terme « récupération »).  Albert, kinésithérapeute non voyant visionnaire avait tenté un syncrétisme Brunnstrom-Kabat-Bobath et avait décrit un déterminisme lésionnel en classant les récupérations neuronales en trois : atteinte profonde, intermédiaire et fruste.[15]Il recommandait également « le renforcement quantitatif » de certains muscles comme deltoïde et biceps et recommandait même la prise en crochet pour porter les valises. Bobath est allée chercher dans le développement psychomoteur de l’enfant un modèle de reconstruction de la biomécanique humaine auquel se réfère plus ou moins la communauté des kinésithérapeutes rééducateurs « neuro ». Elle a également écrit une méthode de rééducation des enfants IMC.[16].

extrait de Mémoire "d'une Kinésithérapie restauratrice à une rééducation compensatrice dans l'hémiplégie" Master Sciences Education   Université Paul Valéry 2014 - Francis LAURENT - 
https://neurorehabilitationposturosegmentaire.blogspot.com/search/label/I.%20Histoire

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Détails et principes de Rééducation Seg Pos Marche

Qui êtes-vous ?

Francis Laurent Kinésithérapeute à Bordeaux Enseignant en neurokinésithérapie dans les écoles de Bordeaux, Bègles, Dax, Poitiers et DU Paris Est Créteil. Formateur pour Mulhouse Alister et Bordeaux FCS http://www.alister.org/formations/reeducation_kinesitherapie_hemiplegie_chronique Bordeaux http://www.fcsante.org/programmes/hemiplegies.pdf